François de Closets : « La France va à la rupture »La crise ultime vers laquelle nous nous dirigeons pourrait être un mal nécessaire pour que le pays accepte de s’en remettre à un gouvernement de salut public

François de Closets ne se lasse pas de jouer les Cassandre dans son dernier essai Maintenant ou jamais ! Il est persuadé que notre pays n’évitera pas la faillite. Comme en 1940 ou en 1958 ! Le détonateur viendra des créanciers de la France qui exigeront un jour prochain des taux d’intérêt plus élevés pour lui prêter de l’argent. Ce qui placera le pays illico en cessation de paiements et sous la coupe des gendarmes internationaux.
La situation sera alors tellement catastrophique que la classe politique – gauche et droite confondues – remettra les clés du pouvoir à un gouvernement de salut public composé de personnalités au-dessus des partis. Un scénario que François de Closets entrevoit sous un jour favorable. “Les Français ont besoin de voir que l’on peut faire de la politique autrement. Un gouvernement de salut public pourrait remettre le pays sur ses rails en deux ou trois ans”, parie-t-il. Une chance – la dernière ? – pour la France.
“Le déclin de la France est une évidence. Dans les années 70, notre pays était le plus dynamique d’Europe et ses finances étaient solides. Aujourd’hui tous les indicateurs sont en alerte rouge : 2 000 milliards d’euros de dette, 80 milliards de déficit public, 70 milliards de déficit commercial. Mais ce déclin est assez confortable car tout se détériore année après année sans drame apparent. Le problème est qu’au bout de la pente, il y a inéluctablement le précipice. C’est ce qu’on appelle en comptabilité l’échéance de la cessation de paiement. Or, ma conviction est que depuis deux ans nous sommes arrivés tout près de ce point de rupture. La France vit dans un colossal déni de réalité. Elle a donné congé à la comptabilité. Or quand on chasse le comptable, on se donne l’illusion de pouvoir tout faire, y compris de la cavalerie jusqu’au jour où la réalité finit par s’imposer parce que les déficits sont intolérables et qu’il faut resserrer les boulons.
Une économie de guerre
Le gouvernement augmente les impôts mais nie tant qu’il peut cette évidence en mettant en avant une “pause fiscale” à laquelle personne ne croit. Le résultat est une nouvelle perte de crédibilité de la parole politique. Il faudrait un discours de mobilisation. La France est menacée, toute autant que si elle était en guerre, puisqu’elle est menacée de faillite. Une faillite, c’est la désagrégation épouvantable d’une société et c’est cette perspective qui menace la France aujourd’hui. Il faut expliquer que le pays en grand danger, annoncer les efforts et indiquer comment ces mesures vont sauver le pays. Or aujourd’hui tout est fait pour cacher la réalité à la population. Au lieu du nécessaire discours churchillien, l’exécutif met en oeuvre la méthode Queuille selon laquelle il n’y a pas de problème qu’une absence de solution ne puisse résoudre. François Hollande emmène les Français à un pique-nique en leur disant de ne pas paniquer alors qu’ils se rendent en réalité sur un champ de bataille. Il n’est pas étonnant dans ces conditions que les Français rechignent devant les efforts. On voudrait redresser le pays sans que les Français s’en rendent compte, à l’image de cette soi-disant réforme des retraites. Ce n’est pas possible.
Le contre-exemple des retraites
La dernière réforme des retraites est le prototype de la réforme Hollande, dont le premier objectif est d’être annoncé et de ne provoquer aucun remous social. Cette fois, le Président a dit que parce qu’on vit beaucoup plus longtemps, il faut travailler un peu plus longtemps. Quelle révélation ! Et le comble est que ce truisme a fait figure d’événement. Habituellement, la simple annonce d’une réforme est suffisante pour faire descendre dans la rue des cortèges. Or cette fois-ci, rien de tel. Normal : il n’y a eu aucune réforme. Tout le monde sait que les problèmes ne sont pas résolus, et que les déficits abyssaux vont réapparaître dans deux ans. Mais le mal est fait car une fois de plus, les Français sont convaincus qu’ils peuvent s’en sortir sans fournir d’efforts. Cela me rappelle le sketch de Francis Blanche : “Pouvez-vous le faire ?”, “Oui, je peux le faire” “Il peut le faire, bravo !”.
L’étreinte des créanciers
Le problème financier de la France est un problème international, puisque deux tiers de notre dette sont détenus par l’étranger, et que c’est auprès des marchés internationaux que nous trouvons les 200 milliards dont nous avons besoin chaque année. A tout moment, nos créanciers internationaux peuvent – comme à tous les surendettés – nous imposer leur loi. Nous n’avons pas cessé de biaiser de toutes les façons possibles pour échapper aux contraintes que nous imposeront très normalement nos créanciers internationaux. Mais le jeu se resserre. Alors que François Hollande avait promis juré qu’il ramènerait le déficit à 3 % du PIB, le chiffre dépasse les 4 % en violation avec les engagements de Maastricht et ceux du pacte budgétaire. Certes, la Commission européenne nous a accordé un délai de deux ans mais ce répit a...
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