Des taupes de Sarkozy à l'Elysée... et dans la police !Lundi 25 Février 2013 à 10:00
Huissiers, secrétaires, intendants... En partant, Nicolas Sarkozy a laissé de discrets fidèles dans tous les services de l'Elysée. Et des hommes à lui à l'Intérieur. Enquête sur ce réseau de l'ombre qui informe le président d'hier sur celui d'aujourd'hui.
L'inquiétude et le trouble gagnent ces jours-ci le sommet de l'Etat. S'installent chez certains à l'Elysée le sentiment et parfois la certitude que Nicolas Sarkozy dispose d'informations confidentielles en temps réel sur le cœur nucléaire du pouvoir. D'où viennent les fuites ? La réponse à cette question est tranchée depuis le printemps dernier par des fonctionnaires de la présidence formés à l'obligation de réserve et soucieux de la nécessaire neutralité du service public.
Avant même l'élection de François Hollande, ils s'émouvaient des manœuvres entreprises par les plus proches collaborateurs du chef de l'Etat sortant pour incruster durablement un réseau sarkozyste à l'Elysée. Indignés, certains de ces fonctionnaires ont même dressé entre eux la liste de ses membres. De fait, aujourd'hui, le réseau est bel et bien en place. Et à l'œuvre.
«Paranoïa !» clameront pour se défendre les anciens occupants de la présidence de la République. En vérité, ce maillage est né de l'obsession complotiste de Nicolas Sarkozy lui-même. On se souvient combien il soupçonna les chiraquiens, non sans raison, de manœuvrer en sous-main contre lui. Au ministère de l'Intérieur, il a donc investi méticuleusement la police. Puis, dès son installation à l'Elysée, en 2007, il s'est employé à «déchiraquiser» le Château. Il le fit en accomplissant une révolution aussi peu remarquée qu'efficace. La tradition voulait que la présidence soit le royaume de la gendarmerie et de la marine. Les représentants de la grande muette ont le respect des petits et grands secrets. Avant même de devenir chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy se méfiait de ces militaires, en particulier les gendarmes, qu'il jugeait à la solde de Jacques Chirac. Aussi s'est-il employé à les soumettre !
Démilitarisation du Château
En 2009, sur les conseils notamment d'Alain Bauer - ancien grand maître du Grand Orient, spécialiste des questions de sécurité et rallié à la cause sarkozyenne sans jamais avoir quitté le cercle des amis intimes de Manuel Valls -, il place la gendarmerie sous la tutelle du ministère de l'Intérieur. Ensuite, à l'Elysée, il en marginalise les représentants au profit de la police, dont il connaît les tours et les détours, et instrumentalise la haute hiérarchie. Pour parvenir à ses fins, il innove en développant des «contrats Elysée» qui lui permettent de recruter, en dehors du cabinet politique, un personnel civil et policier à sa main, sur des critères souvent militants, et d'éloigner petit à petit une partie des fonctionnaires issus de l'armée.
Cette opération de «démilitarisation», qui ne va pas sans dysfonctionnement démocratique, a été conduite sous le contrôle du directeur de cabinet de l'ancien président, Christian Frémont. Pour la plupart, ces contrats ont été habilement renouvelés dans les trois mois qui ont précédé l'élection présidentielle de 2012. Résultat : 10 % du personnel élyséen, environ 90 personnes sur 900, sont très proches de la Sarkozye, et certains purement et simplement encartés à l'UMP. Plusieurs ont même milité durant la présidentielle, circulant entre le palais de l'Elysée et le QG de campagne du candidat Sarkozy. Tous les services ou presque sont...
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