L’esclavage n’a pas existé...Par ZEN(
son site)
mardi 13 mai 2014
L’esclavage n’a pas existé......Seulement en Occident.Sous des formes variées, historiquement marquées, on le trouve dans de
nombreuses contées.
Si le phénomène n'est pas originel ni universel, il fut bien
partagé.
Pour celui qui nous concerne de plus près, qui a affecté notre histoire récente, de part et d'autre de l'Atlantique, dans le cadre du fameux
commerce triangulaire, inaugurant le tout début d'une révolution qui allait devenir industrielle, vouloir le nier ou le
passer sous silence est historiquement absurde.
ll ne s'agit pas de battre sa coulpe, de sangloter . On se fourvoie à culpabiliser ou à référer son identité à un passé qui ne pèse plus sur nos propres épaules d'héritiers, malgré
les faits qui sont têtus et les traces très présentes. Les sanglots
de l'homme noir répondent aussi à ceux du blanc...ce qui n'enlève rien à la cruauté de la colonisation, particulièrement dans
l'ex Congo belge.
Mais, comme le remarque
Frantz Fanon, "N'ai-je donc pas sur cette terre autre chose à faire qu'à venger les Noirs du 17° siècle ?" L'écrivain noir Alain Mabanckou, de son côté, refuse de se définir "par les larmes et le ressentiment".
Mais il ne faut pas évacuer de notre mémoire historienne un passé qu'on ne peut
regarderqu'en face, dont on ne peut être fier, nonobstant P.Bruckner.. L'excès de mémoire n'aide pas à vivre, mais une bonne mémoire, bien informée, peut favoriser un meilleur dépassement, une meilleure guérison des blessures mémorielles.
Il s'agit de faire oeuvre d'historien et non de moraliste, pour guérir des passions tristes et des ressentiments.
Même si on n'est pas adepte de trop de
commémorations officielles, on ne peut éviter de se confronter à une réalité historique incontournable. Rappeler seulement les faits est non seulement sain, mais nécessaire pour un meilleur vécu du présent.
Ricoeur avait rappelé utilement l'importance de la bonne mémoire.
" ...Ne nous égarons pas dans les faux semblants du débat autour du communautarisme. Ni ceux qui le pratiquent, ni ceux qui le dénoncent n'en éloignent le vrai poison, celui d'opposer une catégorie de citoyens à une autre. Frantz Fanon mettait ainsi en garde ses compagnons de lutte : "quand nous entendons dire du mal d'un juif, tendons l'oreille, on parle de nous." Paraphrasant Fanon, je dirais "quand ils entendent dire du mal d'un autre, en raison de ses origines, de sa couleur de peau, de ce qu'il est, les républicains doivent le savoir : c'est d'eux dont on parle." Et le vrai combat contre le communautarisme : le refus de l'assignation d'une personne à une identité, subie ou choisie... (Y Jego)
On ne peut le faire que si on examine les causes, le contexte culturel, l'organisation économique qui engendrent le phénomène esclavagiste.
Montesquieu avait déjà bien compris le socle économique à la base de l'esclavage.et les justifications idéologiques qui l'accompagnaient :
"... Le sucre serait trop cher, si l'on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclave.."
Voltaire aussi :
. "...Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe..."
C'est donc un
système global qu'il faut analyser, avant de le condamner.
Grotius, lui, l’un des pères de la doctrine libérale au XVIIe siècle, légitime sans réticence l’institution de l’esclavage (« il y a des hommes nés pour la servitude », écrit-il en se réclamant d’Aristote), traite les ressortissants des colonies néerlandaises de « bêtes sauvages » et, qualifiant leur religion de « rébellion contre Dieu », justifie d’avance à leur égard la plus cruelle « punition des coupables ». Il ne s’agit donc aucunement de dérives pratiques : c’est l’idée libérale même qui trahit un aristocratisme anthropologique directement ségrégatif et déshumanisant. Le Français Tocqueville, aristocrate-démocrate, pense lui-même à plus d’un titre de façon fort voisine. Losurdo cite cette déclaration : « La race européenne a reçu du ciel ou acquis par ses efforts une si incontestable supériorité sur toutes les autres races qui composent la grande famille humaine que l’homme placé chez nous, par ses vices et son ignorance, au dernier échelon de l’échelle sociale est encore le premier chez les sauvages..."
Il s'agit bien d'un système d'exploitation économique lié à un ensemble de justifications idéologiques et à une vision anthropologique propre à une élite dirigeante, profitant du rapport de forces imposé.
Mais il n'y pas eu que la
traite des noirs, notable par son ampleur et son organisation, dont
Nantes et
Bordeaux portent encore les traces.
Dans le
monde arabo-musulman, il régna aussi sous des formes variées et spécifiques qu'on ne peut
nier, même s'il reste beaucoup à apprendre et s'il ne s'agit pas de raviver d'absurdes luttes mémorielles.
Ces formes historiques spectaculaires d'esclavage ne doivent pas nous faire oublier les formes souvent moins visibles
d'esclavage moderne, polymorphe et plus diffus, institutionnalisé ou non, dans des contextes différents. Les diverses formes d'exploitation de la main d'oeuvre infantile ou féminine, de travail forcé en général, devraient occuper nos esprits plus qu'un certain retour culpabilisant et stérile à un passé sur lequel nous n'avons plus prise.
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